POSITION DE THIERRY SIBIEUDE, CONSEILLER GENERAL DE CERGY NORD, VICE-PRESIDENT DU CONSEIL GENERAL DU VAL D’OISE, PRESIDENT DE LA COMMISSION ENVIRONNEMENT, SUR LA REOUVERTURE DE LA LIGNE CORMEILLES – LONDRES.
La question de la réouverture de la ligne Cormeilles-Londres ne peut trouver de réponse qu’à partir d’une analyse globale et d’ensemble de la situation du Val d’Oise au regard du développement du trafic aérien et de la capacité d’accueil de Roissy. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de l’indiquer, lors de la réunion organisée par le Président du Conseil régional Ile de France, le 3juillet dernier dans le cadre de la DUCSAI, réunion à laquelle le Président Scellier m’avait demandé de représenter le Conseil Général du Val d’Oise et d’y exprimer la position du département sur ce dossier de la plus haute importance pour la qualité de vie et la tranquillité des Val d’Oisiens.
La position qui consiste à considérer que la réouverture de la ligne Cormeilles-Londres ne procurera qu’une gêne marginale est fallacieuse dans la mesure où l’on n’a aucune indication concernant la façon dont les autorités de l’aviation civile feront face à la saturation annoncée de Roissy et dans de pareilles circonstances la question du précédent créé, est fondamentale :
- en effet on sait d’ores et déjà que le seuil, annoncé par le gouvernement, comme devant constituer le maximum de passagers sera atteint bien avant les 12 à 15 ans nécessaires pour construire une nouvelle plate forme aéroportuaire.
- Il est également non contestable que 4 ans ont déjà été perdus sur ce dossier.
- On sait aussi que personne ne pourra s’opposer à une nouvelle ouverture de ligne dès l’instant que le demandeur respectera la réglementation en vigueur ainsi que le confirme le communiqué du Préfet du Val d’Oise.
- On sait aussi que certaines autorités de l’aviation civile dans des pays étrangers ont, pour desserrer l’étreinte et éviter l’asphyxie du trafic sur les aéroports principaux, délesté une partie du trafic sur des aéroports de plus petite taille, un peu plus éloignés de la capitale mais à proximité de l’aéroport principal. Chacun aura reconnu un profil qui correspond à celui de l’aérodrome de Cormeilles, moyennant quelques travaux d’aménagement. Certes ADP s’est engagé à ne faire aucun aménagement ni investissement sans une concertation préalable avec la population, les associations et les élus concernés.
Dans ces conditions, je considère, ainsi que je l’ai exprimé le 3 juillet dernier :
- Que le Val d’Oise est arrivé à saturation en termes de nuisances environnementales liées au trafic aérien et que toute augmentation de trafic doit se faire en exigeant des différents acteurs, notamment des compagnies aériennes, qu’ils prennent toutes les mesures techniques pour que la gêne qui en découlera n’augmente pas
- Qu’un troisième aéroport est absolument nécessaire pour soulager les Val d’Oisiens, de préférence dans le Nord Est de la France,
- Que le critère du délai de réalisation et de rapidité de mise en service devra être un critère de choix du site prépondérant,
- Qu’une évolution de la réglementation est nécessaire pour diminuer les nuisances sonores. Il faut réfléchir à des solutions de quotas de bruit et de permis de décibels à l’image de ce qui est en cours de mise en place pour la pollution atmosphérique avec les droits à polluer et les permis d’émission. Le système pourrait tenir compte des périodes de la journée et des jours de la semaine où le bruit est plus ou moins nuisible pour la population. Les compagnies connaissent bien ce système puisque la philosophie est la même que celle de leur politique de tarification avec leurs tarifs différenciés en fonction des heures de décollage et d’atterrissage.
- Qu’une interdiction très stricte de construire et d’urbaniser les terrains dont on sait à l’avance qu’ils seront exposés à des nuisances sonores, et plus généralement environnementales, insupportables devra être prévue par la loi
- que la décision de réouverture de la ligne Cormeilles-Londres ne peut pas intervenir tant que nous n’aurons pas la certitude qu’un troisième aéroport international sera effectivement mis en chantier
- que la décision de réouverture de la ligne Cormeilles-Londres ne peut pas intervenir tant que la DGAC ne nous aura pas présenté les mesures d’accompagnement qui seront mises en œuvre dans les 10 ans minimum et plutôt 15 ans qui nous séparent de l’ouverture de ce nouvel équipement, pour faire face à l’augmentation de trafic inévitable que provoquera la croissance économique de la France. Le secteur des transports est en effet un secteur dont la croissance dépend directement et quasi instantanément de la croissance du PIB. Nous aurons alors un plan d’ensemble dont l’exploitation de Cormeilles sera exclue, conformément aux engagements de ADP et aux propos formulés lors de la réunion de la DUCSAI du 3 juillet 2001.
- Que Cormeilles doit rester un aérodrome réservée à l’aviation légère dont les acteurs doivent œuvrer dès aujourd’hui à une diminution des nuisances sonores qui constituent d’ores et déjà une gêne très significative pour les riverains.