Aérodrome de
Cormeilles-en-Vexin Comment faire
taire les avions ?
HIER MATIN,
les membres de l'Association de défense des intérêts
des riverains de l'aérodrome de Pontoise-Cormeilles
(Dirap) ont espéré en vain une percée dans le ciel
brumeux. A 10 heures, en raison des mauvaises conditions
météo, ils ont pourtant dû se résoudre à annuler des
essais qui devaient permettre de définir des solutions
susceptibles de limiter les nuisances aériennes.
Sonomètres et plans de vol à la main, Alain Lebrun,
secrétaire de l'association, avait tout prévu. Des
tests de modification de tour de piste effectués par un
pilote inspecteur et deux vols avec des moteurs
silencieux orchestrés par ADP (Aéroports de Paris). Un
peu déçus, les membres de la Dirap, qui tenteront à
nouveau l'expérience la semaine prochaine ont tout de
même effectué huit vols de reconnaissance avec des
pilotes de l'aérodrome. Quelques minutes auparavant,
dans une salle de réunion de l'aérodrome, ils ont
également évoqué ce dossier avec une vingtaine de
riverains et les pilotes. Trouver de nouvelles
trajectoires. « Insupportable », « Effrayant », «
Invivable ». Les habitants du secteur n'ont pas mâché
pas leurs mots pour qualifier les nuisances engendrées
par survol des douze villages du Vexin. Certains jours,
les avions de tourisme peuvent être jusqu'à trois cents
dans le ciel. Afin de réduire le bruit, la Dirap veut
inciter les pilotes à adopter un circuit plus long
proposé par ADP qui forme une boucle entre
Grisy-les-Plâtres, Epiais-Rhus, Ableiges et Montgeroult.
« On ne peut pas se vanter d'être dans un parc naturel
et faire vivre un enfer aux riverains », martèle
Jean-Jacques Guillambert, président des Amis du Vexin.
Equiper les appareils de silencieux. « Il faut réduire
le bruit à la source. » Pour Jean-Marie Gourdin,
président de la Dirap, l'installation de silencieux sur
les petits avions est la voie d'avenir. Documents à
l'appui, il a démontré hier comment la mise en place de
pots d'échappements spéciaux, déjà adoptés dans
d'autres sites comme Lognes (Seine-et-Marne), peut
induire un gain de l'ordre de 4 ou 5 décibels. Les
pilotes mettent un bémol. Accueillis par les riverains
et la Dirap, les deux pilotes de la compagnie Hispano qui
ont effectué les vols de reconnaissance ont soulevé
quelques objections. Pour eux, non seulement le circuit
proposé est trop long mais il peut aussi s'avérer
dangereux car les pilotes risquent de perdre la piste de
vue. En ce qui concerne les silencieux, ils sont
également prudents. « Nous ne demandons pas mieux que
de réduire le bruit mais il ne faudrait pas que ces
modifications aient des répercussions sur
l'aérodynamique des appareils. Le coût est aussi un
problème de taille », ont-ils expliqué.
Juliette Corda
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