Samedi
21 octobre 2000
Aérodrome de Cormeilles-en-Vexin

Comment faire taire les avions ?
HIER MATIN, les membres de l'Association de défense des intérêts des riverains de l'aérodrome de Pontoise-Cormeilles (Dirap) ont espéré en vain une percée dans le ciel brumeux. A 10 heures, en raison des mauvaises conditions météo, ils ont pourtant dû se résoudre à annuler des essais qui devaient permettre de définir des solutions susceptibles de limiter les nuisances aériennes. Sonomètres et plans de vol à la main, Alain Lebrun, secrétaire de l'association, avait tout prévu. Des tests de modification de tour de piste effectués par un pilote inspecteur et deux vols avec des moteurs silencieux orchestrés par ADP (Aéroports de Paris). Un peu déçus, les membres de la Dirap, qui tenteront à nouveau l'expérience la semaine prochaine ont tout de même effectué huit vols de reconnaissance avec des pilotes de l'aérodrome. Quelques minutes auparavant, dans une salle de réunion de l'aérodrome, ils ont également évoqué ce dossier avec une vingtaine de riverains et les pilotes. Trouver de nouvelles trajectoires. « Insupportable », « Effrayant », « Invivable ». Les habitants du secteur n'ont pas mâché pas leurs mots pour qualifier les nuisances engendrées par survol des douze villages du Vexin. Certains jours, les avions de tourisme peuvent être jusqu'à trois cents dans le ciel. Afin de réduire le bruit, la Dirap veut inciter les pilotes à adopter un circuit plus long proposé par ADP qui forme une boucle entre Grisy-les-Plâtres, Epiais-Rhus, Ableiges et Montgeroult. « On ne peut pas se vanter d'être dans un parc naturel et faire vivre un enfer aux riverains », martèle Jean-Jacques Guillambert, président des Amis du Vexin. Equiper les appareils de silencieux. « Il faut réduire le bruit à la source. » Pour Jean-Marie Gourdin, président de la Dirap, l'installation de silencieux sur les petits avions est la voie d'avenir. Documents à l'appui, il a démontré hier comment la mise en place de pots d'échappements spéciaux, déjà adoptés dans d'autres sites comme Lognes (Seine-et-Marne), peut induire un gain de l'ordre de 4 ou 5 décibels. Les pilotes mettent un bémol. Accueillis par les riverains et la Dirap, les deux pilotes de la compagnie Hispano qui ont effectué les vols de reconnaissance ont soulevé quelques objections. Pour eux, non seulement le circuit proposé est trop long mais il peut aussi s'avérer dangereux car les pilotes risquent de perdre la piste de vue. En ce qui concerne les silencieux, ils sont également prudents. « Nous ne demandons pas mieux que de réduire le bruit mais il ne faudrait pas que ces modifications aient des répercussions sur l'aérodynamique des appareils. Le coût est aussi un problème de taille », ont-ils expliqué.

Juliette Corda